« Immense » et « intime » sont les deux mots antinomiques qui me viennent à l’esprit à l’évocation de cette découverte. A ce moment-là presqu’exclusivement attachée aux portraits, cette peinture m’a touché immédiatement…
Solitudes ou dialogues,
Songes arrêtés,
Combats et mouvements,
Vitesse et silence…
Tous les thèmes abordés par Mérienne sont susceptibles de nous entraîner dans l’introspection, faisant naitre dans l’esprit du spectateur un silence propice à la réflexion et à l’émotion. Ici les regards, faisant manifestement l’objet de tous les soins du peintre, nous emportent, nous invitent à penser comme ceux qui les portent ou à vouloir écrire leur histoire…
Gravité plutôt que tristesse, rêverie plutôt que mélancolie, puissance plutôt que violence, rythmes plutôt que bruit, réserve plutôt que défense…
Nul besoin de grandiloquence, d’artifices, de sujets choquants, le chemin emprunté est volontairement étroit, mais conduit le peintre et son spectateur au dépassement par le regard. Nul besoin non plus de couleur dans cet univers, les sentiments n’en sont que plus forts, plus éternels, et es formes plus pertinentes ; seul un jaune s’invite quelques fois qui vient faire vibrer, souligner, ou calmer un contraste, mais manifeste-t-il une autre intention ?… Créer l’intimité par la monumentalité est une démarche ni courante ni aisée, mais c’est la voie qu’a choisie Mérienne. Il y parvient en sachant susciter l’émotion sans le recours à des codes répandus : La sobriété et la rigueur règne en son monde, l’artiste se concentre sur un sujet qui définira l’espace par sa seule présence, sans indications de dimensions, d’accessoires, d’architecture, de limites de lieu. L’être et le sentiment sont au cœur de sa peinture, sans les petites histoires…
Y. Ravassard (extrait)