« Attendez de voir les femmes de Favre ! Imaginez des parois rocheuses.Voyez dans ces pics, de belles endormies. Mélangez ces lignes tendues à des masses rectangulaires qui seraient autant de genoux et de bras, de creux et de vides. Hanches, fesses, cous, épaules deviennent des repères où s’accrocher. Des zones critiques, des haltes, qu’il sculpte avec la maîtrise d’un grimpeur lancé dans une ascension sans cordée … « Texte tiré de « Pratique des Arts » écrit par : Arnaud Dimberton.
Jean-François GAMBINO est né à Paris en 1966. Au départ, attiré par la musique, il suit des études de musicologie à la Sorbonne. Cependant, il abandonne le milieu artistique et travaille plus de 10 ans pour la célèbre joaillerie Cartier, rue de la Paix à Paris.
Ce n’est que beaucoup plus tard, en 1997 qu’il apprend et découvre auprès du sculpteur Chantal Adam à Neuilly-sur-Marne la technique particulière de la terre cuite et des patines faites de pigments naturels. Ayant assimilé les éléments de base du modelage et son enthousiasme grandissant pour ce moyen d’expression, il change d’orientation professionnelle en 2003, devenant sculpteur animalier.
Son bestiaire se compose essentiellement d’animaux africains. Il met toujours en avant cette volonté d’une exécution rapide des animaux qu’il modèle. C’est cette spontanéité de réalisation qui traduit le mieux la force, l’énergie vitale et souvent intuitive que chaque animal doit générer pour survivre et s’imposer.
Le socle commun aux œuvres de Daniel Favre est la force. Tantôt celle qui se trouve dans la sculpture comme une densité de l’être humain, tantôt celle qui se trouve dans le mouvement de l’oeuvre.
Lorsque Daniel Favre sculpte la densité humaine, la force nait de l’opposition de la pièce et de la lumière. Masses, angles, courbes, en butée contre le vide, l’air, les ombres et la lumière. L’être intériorisé que l’artiste a imaginé nait dans un instant fugace figé dans la matière. Objets presque érotiques où les forces sont soudainement rendues sensibles et assujetties à un équilibre d’une étrange stabilité.
Lorsqu’il sculpte le mouvement, Daniel Favre utilise les masses des corps non-plus pour leur densité réflexive, mais pour les forces qu’elles entrainent. L’artiste aime l’opposition des contraintes autant que l’instant fragile de l’équilibre lorsque les corps puissants se rencontrent. La force est ici un affrontement (au sens littéral comme au figuré) et nul ne peut en prédire l’issue. Seul compte à nouveau cet instant précaire et pourtant rendu éternel par la recherche et le travail de l’artiste.
La sculpture chez Daniel Favre est une représentation de l’instant d’équilibre entre des forces qui s’opposent.