« Attendez de voir les femmes de Favre ! Imaginez des parois rocheuses.Voyez dans ces pics, de belles endormies. Mélangez ces lignes tendues à des masses rectangulaires qui seraient autant de genoux et de bras, de creux et de vides. Hanches, fesses, cous, épaules deviennent des repères où s’accrocher. Des zones critiques, des haltes, qu’il sculpte avec la maîtrise d’un grimpeur lancé dans une ascension sans cordée … « Texte tiré de « Pratique des Arts » écrit par : Arnaud Dimberton.
Le socle commun aux œuvres de Daniel Favre est la force. Tantôt celle qui se trouve dans la sculpture comme une densité de l’être humain, tantôt celle qui se trouve dans le mouvement de l’oeuvre.
Lorsque Daniel Favre sculpte la densité humaine, la force nait de l’opposition de la pièce et de la lumière. Masses, angles, courbes, en butée contre le vide, l’air, les ombres et la lumière. L’être intériorisé que l’artiste a imaginé nait dans un instant fugace figé dans la matière. Objets presque érotiques où les forces sont soudainement rendues sensibles et assujetties à un équilibre d’une étrange stabilité.
Lorsqu’il sculpte le mouvement, Daniel Favre utilise les masses des corps non-plus pour leur densité réflexive, mais pour les forces qu’elles entrainent. L’artiste aime l’opposition des contraintes autant que l’instant fragile de l’équilibre lorsque les corps puissants se rencontrent. La force est ici un affrontement (au sens littéral comme au figuré) et nul ne peut en prédire l’issue. Seul compte à nouveau cet instant précaire et pourtant rendu éternel par la recherche et le travail de l’artiste.
La sculpture chez Daniel Favre est une représentation de l’instant d’équilibre entre des forces qui s’opposent.
Graveur attentif et dessinateur méticuleux, Daniel Favre emprunte à ces deux univers la délicatesse et le perfectionnisme pour réaliser son oeuvre sculpturale. Et d’artisan reconnu Daniel Favre est devenu artiste.Daniel part toujours d’un modèle vivant. Il sculpte dans la terre un sujet anatomiquement parfait. Puis par le jeu d’éclairages projetés suivi d’un long processus de réflexion et d’anticipation, il coupe les rondeurs, saisit les angles. Il rend l’oeuvre à la lumière qui l’a créée pour en faire un être construit et tendu de forces.
Exposition, mise en perspective de ses oeuvres avec celles de Rodin au musée Faure à Chambéry – printemps 2017.Catalogue « L’angle et la courbe, sculptures de Daniel Favre 2012-2015 »Cahier « Daniel Favre sculpteur » par Bernard Verdier – 64 pages – éditions Ruffieux-Bril isbn : 978-2-9559108-0-1