Beaux Arts Magazine publie dans son numéro du mois d’août un extrait de l’article ci-dessous.
« Je travaille avec Daniel Castan depuis neuf ans. On peut dire que je connais l’artiste, au moins autant que sa peinture, et tout cela grâce à une collaboration fructueuse et à une clientèle qui réclame toujours ses nouveautés. Daniel, comme sa peinture sont un concentré d’énergie. Ils sont dynamiques, voire karstiques pour employer un grand mot. L’un en coups de gueule, l’autre en mouvements vigoureux… Dans son œuvre la beauté est un surgissement, comme pour sa personnalité forte et attachante.
Néanmoins il serait faux de limiter son œuvre à cela : à des impulsions, car même s’il se montre sûr dans son art, sa technique est le fruit d’une longue pratique et d’incessantes et ténues évolutions : jouant d’abstractions, de textures, jouant de matières et d’associations de couleurs. Il ne peint pas New York. Il construit New York! Sa touche vigoureuse est unique et les vues qu’il nous propose son autant un concentré de lui que de cette ville. Nous autres, comme spectateurs, nous aimons son travail… mais pour le juger il n’y a qu’à laisser parler les peintres lorsqu’ils regardent ses tableaux, car tous reconnaissent le talent de cet artiste.
Daniel Castan offre cet été à la Galerie Harmattan à Megève une vision en camaïeu de ses villes : de superbes tableaux en dégradés de gris tout juste rehaussées de quelques touches de rouge ou de jaune, ou encore des visions pourpres de rues au crépuscule. Ses peintures, à la fois proches les unes des autres et opposées entre elles, montrent toute la complexité de la création artistique. L’ombre et la lumière scandent un rythme, ouvrent les perspectives ou les obstruent, donnent à ressentir l’impalpable dans une tectonique urbaine où les villes sont des soulèvements brutaux !
Dès le premier regard, on se laisse submerger par la dynamique dans ses tableaux. Et qui ne l’a pas été par la réalité de New York, de Singapour, ou de San Francisco. Néanmoins pour qui connaît justement ces villes, elles ne sont pas juste de l’architecture : elles sont une atmosphère, une ambiance, une lumière, quelque chose de ténu bien plus impalpable que du vertical et de l’horizontal. Pour qui connaît ces villes elles sont belles sous certaines couleurs que l’on ne retrouve que « là-bas » et dans les œuvres de Daniel Castan. Il s’agit d’un trait de lumière qui illumine un carrefour, de brumes qui offusquent le lointain, d’un mélange incertain de tons, de bâtiments juxtaposés, serrés, qui se chevauchent et finissent par disparaitre.
Une peinture n’est pas seulement une technique, ou quelques coups de pinceaux ou de couteaux vite lancés sur une toile. Une peinture est une construction mentale avant tout. Une vision préalable en couleur que l’artiste cherche à partager par le biais de son savoir-faire. Ainsi lorsque Monet peignait ses cathédrales et ses meules de foin, les Historiens de l’Art y ont vu le secret désir de représenter une chose infinie : le temps. Mais peut-être, plus prosaïquement, l’artiste voulait-il offrir à notre regard une chose toute aussi infinie : la beauté. Celle qui change au gré des heures, se transforme et se renouvelle sans cesse !
Daniel Castan fait cela, il travaille son sujet comme quelque chose de vivant, de changeant… et tire parti d’instants fugaces, d’éclairages incertains pour mettre en valeur son sujet favoris : les villes. »