Plonger dans l’œuvre de YaNn Perrier a un sens particulier, car ici il y est bien question de profondeurs physiques, bien qu’impalpables… il y est bien question d’immersion, bien que dans un solide. Et pourtant du regard et de la pensée, par la limpidité des matériaux, nous plongeons
réellement et ostensiblement dans les sphères de YaNn. Nous pénétrons l’œuvre, glissons dans les anfractuosités, découvrons des formes et des couleurs… Les profondeurs sont abyssales, les à-pics vertigineux. Ces mondes captivent tellement l’esprit que nous réduisons naturellement notre propre échelle pour mieux y voyager. Nous sommes des enfants face à des miniatures et en une fraction de seconde, ces sphères qui tiennent dans une main sont des univers qui nous englobent tels des métonymies créées par la pensée.
Faire marche arrière est quasi un supplice mais il faut s’extirper du rêve, du jeu, quitter le Tout (le Monde vu de l’intérieur) pour ne plus considérer que la partie (la sphère vue de l’extérieur) pour retranscrire cette expérience unique, ce sentiment éthéré, ce quelque chose d’étrange et d’impalpable à l’orée de la conscience, comme d’avoir été Dieu surplombant un Monde. Et prendre conscience que le Tout qui nous a été offert un instant ne l’a été que par l’entremise de ces œuvres d’à peine trente à cinquante centimètres de diamètre.